Nos « amis » les masculinistes
Le 13 octobre dernier, dans le cadre de la Quinzaine de l'égalité femmes-hommes organisée par la Région, a eu lieu une conférence ayant pour thème : « Hommes battus : qui sont-ils? comment les aider? ». Cette conférence était organisée par le GES, Groupe d'Etude sur les Sexismes, qui fait partie de la mouvance masculiniste. (plus d'infos ici)
Une action a été organisée collectivement par des féministes et anti-masculinistes afin de dénoncer la présence d'une association masculiniste dans le cadre de cet événement. Parmi elles et eux, des Superféministes. Le Planning Familial 69 a également tenu à dénoncer la participation du GES à la Quinzaine de l'égalité femmes-hommes dans deux lettres adressées à des élues de la Région.
Une action a été organisée collectivement par des féministes et anti-masculinistes afin de dénoncer la présence d'une association masculiniste dans le cadre de cet événement. Parmi elles et eux, des Superféministes. Le Planning Familial 69 a également tenu à dénoncer la participation du GES à la Quinzaine de l'égalité femmes-hommes dans deux lettres adressées à des élues de la Région.
(Petite remarque au
passage : Superféministe fait bien partie intégrante de cette
grande asso féministe qui s'appelle le Planning Familial... je ne
sais pas pourquoi, ça à l'air d'être difficile à intégrer
parfois...)
Petit récit de
l'intérieur/extérieur par 2 superféministes...
A l'intérieur...
Il est 13h45 , nous entrons par petits groupes dans une salle plus petite que ce que nous avions prévu, à peine 50 chaises.
Un parterre de jeunes au 2eme rang, dont on apprendra plus tard que l'une d'entre elle est la fille du directeur du GES.
L'idée : se répartir à travers toute la salle. Nous somme un peu plus de 30, la salle est à nous !
La, conférence commence, l'objectif est de la perturber afin de pouvoir poser de vraies questions avec chiffrez à l'appui (ce que refusera consciencieusement de donner le directeur du GES).
Deux minutes s'écoulent à peine, l'une d'entre nous prend la parole, explique que les violences faites aux hommes ne sont pas comparables à celles faites aux femmes, que ces dernières sont structurelles et issues de la société patriarcale et que cette conférence ne devrait pas avoir lieu, car ce ne sont pas des violences sexistes et en particulier en biaisant le sujet de cette façon.
L'intervenant tente de se rebiffer et se fait épauler pas d'autres membres du GES venus à la rescousse.
Fin de l'intervention de la copine. Quelqu'un d'autre dans l'assemblée prend le relais, mais les esprits en face s'échauffent vite. Ils refusent clairement la discussion, haussent le ton.
Les slogans commencent à fuser depuis la salle. Nous demandons des chiffres de leur prétendues études. Nous exigeons un vrai débat plutôt que du pathos sur les hommes battus.
La psychologue Sylvianne Spitzer s'arme de son portable nous filme délibérément et s’énerve.
Dans le rang de devant l'une des personnes dira à propos d'une copine « celle-là, elle ferait mieux de se faire battre, elle comprendrait » , une autre de nos copines se fait insulter de « connasse ».
Ambiance.
L'une d'entre nous sort sa guitare et toutes et tous nous commençons à chanter un air créé pour l'occasion.
Les intervenants dépassés et toujours dans le refus du dialogue tentent d'éviter le débat en passant de groupe en groupe pour des prises à partie individuelles.
Tout cela aura duré une heure.
Les flics nous sont envoyés (plutôt que de discuter autant envoyer la maréchaussée, n'est ce pas l’argument des faibles?). Nous quittons la salle qui se vide de fait au ¾, ils termineront donc entre eux. Même les chargés de mission de la Région venus en 'observation' (et oui ils se demandent, a posteriori, à qui ils ont donné 300 euros. C'est tout de même la 2eme année que le Region RA cautionne de la sorte les masculinistes) quittent la salle.
Quelques tracts sont laissés sur les tables du bar de l’hôtel afin que les clients sachent à quoi est dû l'agitation des lieux.
Nous repartons, mais nous savons toutes et tous que nous n'en avons pas fini avec les masculinistes et nous resterons tous et toutes vigilantEs.
Un parterre de jeunes au 2eme rang, dont on apprendra plus tard que l'une d'entre elle est la fille du directeur du GES.
L'idée : se répartir à travers toute la salle. Nous somme un peu plus de 30, la salle est à nous !
La, conférence commence, l'objectif est de la perturber afin de pouvoir poser de vraies questions avec chiffrez à l'appui (ce que refusera consciencieusement de donner le directeur du GES).
Deux minutes s'écoulent à peine, l'une d'entre nous prend la parole, explique que les violences faites aux hommes ne sont pas comparables à celles faites aux femmes, que ces dernières sont structurelles et issues de la société patriarcale et que cette conférence ne devrait pas avoir lieu, car ce ne sont pas des violences sexistes et en particulier en biaisant le sujet de cette façon.
L'intervenant tente de se rebiffer et se fait épauler pas d'autres membres du GES venus à la rescousse.
Fin de l'intervention de la copine. Quelqu'un d'autre dans l'assemblée prend le relais, mais les esprits en face s'échauffent vite. Ils refusent clairement la discussion, haussent le ton.
Les slogans commencent à fuser depuis la salle. Nous demandons des chiffres de leur prétendues études. Nous exigeons un vrai débat plutôt que du pathos sur les hommes battus.
La psychologue Sylvianne Spitzer s'arme de son portable nous filme délibérément et s’énerve.
Dans le rang de devant l'une des personnes dira à propos d'une copine « celle-là, elle ferait mieux de se faire battre, elle comprendrait » , une autre de nos copines se fait insulter de « connasse ».
Ambiance.
L'une d'entre nous sort sa guitare et toutes et tous nous commençons à chanter un air créé pour l'occasion.
Les intervenants dépassés et toujours dans le refus du dialogue tentent d'éviter le débat en passant de groupe en groupe pour des prises à partie individuelles.
Tout cela aura duré une heure.
Les flics nous sont envoyés (plutôt que de discuter autant envoyer la maréchaussée, n'est ce pas l’argument des faibles?). Nous quittons la salle qui se vide de fait au ¾, ils termineront donc entre eux. Même les chargés de mission de la Région venus en 'observation' (et oui ils se demandent, a posteriori, à qui ils ont donné 300 euros. C'est tout de même la 2eme année que le Region RA cautionne de la sorte les masculinistes) quittent la salle.
Quelques tracts sont laissés sur les tables du bar de l’hôtel afin que les clients sachent à quoi est dû l'agitation des lieux.
Nous repartons, mais nous savons toutes et tous que nous n'en avons pas fini avec les masculinistes et nous resterons tous et toutes vigilantEs.
Un peu avant la conférence nous nous installons à 4-5 dans la cour de l'hôtel avec ces tracts
et ces brochures (dont vous pouvez télécharger certaines ici)
l'idée étant
d'informer le/la curieux/euse qui se retrouve à aller à cette conférence
parce que « tiens, une conférence qui parle des hommes dans la
quinzaine de l'égalité femmes-hommes, ça peut être intéressant pourquoi
pas? » sans savoir grand chose de la nature et des revendications de
l'association organisatrice et des enjeux que cela implique.
Pourquoi diable avons-nous agi de la sorte?
Alors,
si l'action n'a peut-être pas été suffisamment lisible c'est qu'il
y avait plusieurs objectifs qu'il était quasi impossible de faire
coexister et en même temps entre lesquels il était difficile de
choisir :
1-
informer et discuter avec les personnes arrivées à cette
conférence, un peu « par hasard », par curiosité, comme
dit plus haut
2-
protester contre une conférence qui prétend s'inscrire dans une
quinzaine de l'égalité femmes-hommes alors qu'en fait ce qu'elle
défend, ses revendications et tous ses discours politiques tendent à
nier la réalité des inégalités sociales spécifiques et
structurelles qui touchent les femmes, et ce faisant, à les
renforcer voire les accentuer
3-
refuser, par l'essai de porter une autre parole, de laisser se dire
publiquement et dans ce cadre légitimé par la Région des mensonges
et autres discours manipulatoires.
Le
bon sens, le bon droit et la bonne attitude...
mais au fait, ne sont-ce pas les piliers de l'ordre moral, institués
par les dominants?!
L'égalité,
c'est homme = femme, oui, mais...
Une
des revendications du GES est la suppression du ministère des droits
des femmes... Ben oui, il faut un ministère des droits « des
personnes » (des genres féminins et masculins sur leur site),
nous a-t-il été dit avec une grande condescendence lors de notre
action. Il y a des hommes et des femmes, donc un ministère qui
s'occupe que des femmes, non mais vraiment, c'est évident que ça ne
va pas, c'est discriminatoire pour les hommes, ça créé une
inégalité! Apparemment ce serait ça le bon sens. Sauf que c'est
confondre et mélanger et isoler des tas de choses pour les faire
rentrer dans une vision du monde qui s'acharne à nier les réalités
sociales. Dire qu'il n'y a pas de hiérarchie de valeur entre les
êtres humains en fonction de leur sexe et que ça devrait se
traduire par une égalité des femmes et des hommes dans la société,
c'est un but, ça ne veut pas dire qu'ils et elles le sont dans les
faits ici et maintenant. Il y a des inégalités issues de siècles
d'oppression et de négation des femmes en tant qu'être pensant et
responsable qui pèsent dans nos sociétés, dans nos têtes et qui
se traduisent très concrètement de multiples manières : les femmes
ont encore des revenus plus faibles que les hommes, elles effectuent
toujours plus de tâches ménagères, elles subissent des violences
spécifiques, sont moins représentées dans les instances de
pouvoir, etc.
(http://www.insee.fr/fr/publications-et-services/sommaire.asp?codesage=FHPARIT12)
Le ministères du droit des femmes a été créé justement pour
s'attaquer à ces inégalités existantes afin de travailler à les
faire diminuer. Quand elles n'existeront plus, et que la réalité
des femmes sera prise en considération dans toutes les instances
gouvernementales au même titre que celle des hommes, alors là, oui,
il n'y aura effectivement plus besoin d'un ministère des droits des
femmes. Prétendre que remplacer le ministère des droits des femmes
par un ministère des droits des personnes dans la situation actuelle
est une mesure d'égalité, c'est juste nier la réalité des
inégalités structurelles dont pâtissent les femmes et la nécessité
de lutter contre celles-ci, et là oui, si on avalait ça, on serait
des buses.
Le
fumeux débat démocratique
Il ne
suffit pas que des opinions différentes s'expriment pour qu'un débat
soit démocratique. La possibilité d'informations de qualité,
plurielles, avec des sources vérifiables, données dans un contexte
qui rend possible leur analyse et leur confrontation est essentielle.
Et que fait le GES?
Il
conteste les chiffres des enquêtes sur les violences faites aux
femmes et l'idée même qu'elles soient massives et structurelles.
Partant de là, quel débat, quelle confrontation est possible? Tout
peut être dit, puisqu'il n'y a pas pas de références autres que
celles qui vont dans leur sens, ou qu'ils choisissent d'interpréter
de sorte à ce qu'elles aillent dans leur sens. Jusqu'à la négation
de la réalité observée de manière répétée, dans des contextes
nationaux multiples et avec des méthodes d'enquêtes diverses.
Ce
qui à vrai dire est encore pire c'est ce que révèle la structure
de leur conférence : des témoignages de deux hommes battus, d'une
personne présentée comme experte dans l'accompagnement de ces
hommes, puis discussion et quelqu'un (je dis quelqu'un parce que j'ai
cherché qui était ce monsieur, mais je n'ai jusque-là trouvé
d'infos -très peu, et très floues- sur lui nulle par ailleurs que
sur des sites acquis à sa cause) qui parle de chiffres, et
rediscussion. Le fait de commencer par des témoignages d'hommes
battus avant tout exposé de chiffres, contextualisation ou analyse
est typique du procédé qui consiste à mettre les personnes dans un
état émotif qui diminuera leurs capacités d'analyse et de
questionnement critique. Parce que, heureusement, nous sommes des
êtres humains et que en général, heureusement, la souffrance
d'autrui, le récit de cette souffrance nous touche et nous émeut.
Et en fait c'est ça qui est le plus révoltant : l'utilisation de la
souffrance de personnes, souffrance qui est réelle et nécessite
empathie et accompagnement, à des visées politiques, puisqu'il
s'agit de dire des contre vérités dans le but de combattre les
possibles avancées vers une société plus égalitaire entre les
sexes.
Donc
donc donc...
Il ne suffit pas de dire qu'on est pour l'égalité femmes/hommes pour l'être réellement et encore moins pour que les revendications qu'on défend aillent dans ce sens.
Dire qu'il y a des violences sexistes spécifiques qui s'exercent sur les femmes, ne signifie ni qu'il n'existe pas d'autres violences ni que les femmes ne peuvent pas être violentes, ou qu'il ne faut pas s'occuper aussi de ces violences-là pour qu'elles diminuent. Etre un homme battu constitue une grande souffrance qu'il ne s'agit ni de nier ni de mépriser au niveau de l'individu, mais qui reste statistiquement marginale. Alors que la réalité des violences sexistes, c'est qu'elles sont multiples, multiformes et massives (de l'insulte de « salope » dans la rue, au harcèlement sexuel au travail, à la violence conjugale répétée pendant des années, aux 50 000 à 75 000 viols annuels en France, et malheureusement la liste est encore longue...).
En s'acharnant à nier la réalité et la spécificité des violences faites aux femmes, en formulant des revendications comme si il y a vait une égalité réelle actuellement dans la société entre les femmes et les hommes, ce type d'association oeuvre donc à déconstruire tout le travail fait afin de permettre la diminution de ces violences et de ces inégalités, et elle renforce tout en les réactualisant les stéréotypes, fonctionnements et inégalités de notre bonne vieille société patriarcale.
Dire qu'il y a des violences sexistes spécifiques qui s'exercent sur les femmes, ne signifie ni qu'il n'existe pas d'autres violences ni que les femmes ne peuvent pas être violentes, ou qu'il ne faut pas s'occuper aussi de ces violences-là pour qu'elles diminuent. Etre un homme battu constitue une grande souffrance qu'il ne s'agit ni de nier ni de mépriser au niveau de l'individu, mais qui reste statistiquement marginale. Alors que la réalité des violences sexistes, c'est qu'elles sont multiples, multiformes et massives (de l'insulte de « salope » dans la rue, au harcèlement sexuel au travail, à la violence conjugale répétée pendant des années, aux 50 000 à 75 000 viols annuels en France, et malheureusement la liste est encore longue...).
En s'acharnant à nier la réalité et la spécificité des violences faites aux femmes, en formulant des revendications comme si il y a vait une égalité réelle actuellement dans la société entre les femmes et les hommes, ce type d'association oeuvre donc à déconstruire tout le travail fait afin de permettre la diminution de ces violences et de ces inégalités, et elle renforce tout en les réactualisant les stéréotypes, fonctionnements et inégalités de notre bonne vieille société patriarcale.
Et
du coup ouaip alors, je suppose qu'ils nous ont bien identifié : on
est pas vraiment leurs alliées et on est des féministes! (mais
chuut, c'est un secret!)
On
aime les hommes (enfin certains...), on aime les femmes (enfin pas
toutes non plus...), on aime les autres (pareil ça dépend de
comment on est luné-e-s), mais ce qu'on n'aime pas, c'est les
injustices sociales fondées sur le sexe... et aussi sur
l'orientation sexuelle en fait, et l'origine géographique et la
couleur de la peau, et la classe sociale et... en fait, on n'aime pas
les injustices, du tout.
Liens : pour un compte-rendu d'autres personnes ayant participé à cette action http://rebellyon.info/Conference-masculiniste-a-Lyon.html
P.S. : Bientôt, il va y avoir un article qui parle plus largement et de manière un plus approfondie des masculinistes.
Mary and the BFF (Big Feminist Fist)