"Regards de femmes" : hors de nos féminismes!

Voici un communiqué de presse signé par le Planning Familial 69 et d'autres partenaires, pour dénoncer les positions de l'association Regards de femmes.

Ce samedi 16 octobre, à la mairie du 6ème arrondissement de Lyon, l'association Regards de femmes organise une série de tables rondes intitulée "Les combats des femmes contre les obscurantismes". Sous couvert de s'attaquer aux violences faites aux femmes, il y sera question de lutte contre "l'emprise sexuelle". Floues, les notions abordées le sont par exemple sous l'angle de la dénonciation du "système prostitueur" et du "voilement des femmes et des fillettes", par un blogueur proche du Printemps républicain dont les "analyses" sont surtout des invectives contre les femmes musulmanes. La juxtaposition des différentes interventions, sur des sujets hétéroclites, a pour point commun une lecture objectifiante : femmes voilées, femmes en situation de prostitution, femmes enceintes, y sont des personnes à sauver et non des sujets agissants, des personnes actrices de leur émancipation.

La troisième table ronde consiste ensuite à condamner la présence des personnes trans et en particulier des femmes trans dans les espaces de luttes féministes en mobilisant un vocabulaire transphobe. La rhétorique employée ("les masculinistes transactivistes" et "le transgenrisme"), le déni des droits (diabolisation des principes de Jogjakarta qui sont un ensemble de normes internationales pour la reconnaissance et la mise en œuvre des droits des personnes LGBTI) et le sensationnalisme autour d'un très rare cas de dé-transition classent les intervenant.es du côté des TERF (Trans-exclusionary radical feminism), dont l'objectif est principalement de dénier aux femmes trans la qualité de femmes, soit disant pour défendre les femmes. Reconnu par l'extrême droite, le mouvement TERF est un groupe violent dont les propos et actions ajoutent aux violences subies par les personnes trans.

A noter aussi la présence à ces tables rondes de Michèle Vianès, ancienne présidente de Regards de Femmes, connue pour ses dérives islamophobes et racistes.

Michèle Vianès a contribué régulièrement à Riposte Laïque : 18 articles signés de son nom et parfois de sa fonction de présidente de l’association « Regards de Femmes » en plus d’une série d’interviews. Rappelons que Riposte Laïque est décrit dès octobre 2010 par les journalistes spécialistes de l’extrême-droite du Monde comme associé à des néo-nazis et à des identitaires. Elle a aussi participé aux Assises contre l’Islamisation de l’Europe, à Paris en 2010 aux côté du candidat aux présidentielles du Bloc Identitaire et son président, Arnaud Gouillon et Fabrice Robert, d’Oskar Freyssinger, membre du parti populiste suisse de l’UDC et notoirement opposé à l’avortement, Pascal Hilout, collaborateur du site Riposte Laïque et attaqué en justice par la LDH pour incitation à la haine raciale, Pierre Cassen et Christine Tasin, principaux animateurs du site Riposte Laïque et organisateurs de ces Assises, habitués des opérations conjointes avec l’extrême-droite la plus radicale dont l’apéro saucisson-pinard parisien, Anders Gravers, membre du mouvement Stop Islamisation of Europe, dont le slogan est "le racisme est la plus basse manifestation de la stupidité humaine, mais l’islamophobie la plus haute expression du bon sens"...

Michèle Vianès avait attaqué la Licra pour « paroles calomnieuses » suite à un article sur l'extrême droite à Lyon où la LICRA mettait en garde sur le fait que les actions de l'extrême droite à Lyon « s’inscrivent dans un contexte nouveau de racisme et de xénophobie porté par l’extrême droite et le FN mais aussi désormais par des couches sociales nouvelles comme Riposte Laïque, Regard de femmes ou les activistes des "apéros pinard et saucisson”. Toutes ces composantes pouvant s’agglomérer sur les thématiques révisionnistes et racistes, cachant pour certains, derrière des discours antimusulmans, un renouveau du racisme anti-arabe ». Or par arrêt rendu le 15 Janvier 2014, la Cour d’Appel a confirmé le jugement rendu par le Tribunal Correctionnel de Lyon par lequel ce dernier avait déclaré irrecevable l’action civile exercée par Regards de Femmes à l’encontre de Roger Benguigui en tant que Directeur de Publication du Bulletin Licra Rhône-Alpes.

Les structures signataires dénoncent cet événement qui sous couvert d'un soit-disant féminisme est en réalité ouvertement sexiste, transphobe et islamophobe. L'exclusion des femmes musulmanes et des femmes trans fait indubitablement basculer l'action de "Regards de femme" du côté de l'extrême-droite.

Nous défendons la liberté pour chaque femme de disposer de son corps comme elle l'entend, nous refusons toute instrumentalisation raciste des discours féministes et nous affirmons que la place des femmes trans dans les luttes féministes est indiscutable. Il n'y a pas de féminisme possible sans les femmes trans, sans les femmes voilées, sans les femmes racisées ! 

Premiers signataires : Planning Familial 69, NPA, CGT-Tous des Lyonnes, Parti de gauche.