Le 8 mars en texte et en images, comme si vous étiez !

  Nous étions un "bon petit nombre" (voir notre commentaire en fin d'article)  à prendre place et à battre le pavé ce jeudi 8 mars 2018 à l'occasion de la Journée internationale de luttes et de défense des droits des femmes.
Plusieurs organisations ont tour à tour pris la parole. Le texte lu par le Planning Familial 69 dans le micro :
"Aujourd’hui, 8 mars 2018, à partir de 15h40 nous déclarons la grève, comme le font des dizaines d’autres organisations et groupes de femmes partout en France. La raison de cette grève est simple : les inégalités salariales entre hommes et femmes entraînent une différence de 26% sur la rémunération annuelle nette moyenne entre un homme et une femme. Ces inégalités s’expliquent par les temps partiels imposés aux femmes, des métiers dévalués économiquement lorsqu’ils sont occupés majoritairement par les femmes, une difficulté à occuper des postes plus qualifiés et à changer de poste vers des places mieux rémunérées… Mais même quand toutes les conditions sont réunies, lorsque les femmes sont dans des situations d’égalité totale avec leurs collègues hommes : un écart de 6,8% « inexpliqué » persiste entre les salaires et relève donc d’une pure discrimination basée sur le genre. La précarité, le chômage, la pauvreté touchent les femmes de plein fouet. Elles sont et seront également les premières touchées par les réformes à venir : de la refonte du lycée et de l’université jusqu’aux réformes de la fonction publique : les femmes sont en première ligne ! 
A la maison, les travaux domestiques et ménagers restent également l’affaire des femmes. Exploitées au boulot, elles le sont encore plus au foyer, cumulant salaires bas et travail gratuit, ayant à charge les soins et l’éducation des enfants et la tenue de la maison, quand elles ne sont pas en plus les secrétaires et les assistantes non-rémunérées de leur conjoint dans les professions libérales.
Évidemment, cette exploitation économique dont le bénéfice revient directement aux hommes de toutes classes sociales n’est que la base d’une oppression qui s’exerce aussi par la violence. Une violence directe, physique ou psychologique, sur laquelle ne cesse de nous alerter le mouvement Me Too dont la force ne peut que nous réjouir et nous laisser espérer de réels changements. Ces viols, meurtres, agressions et harcèlements touchent un nombre de femmes qui se compte par centaines de milliers chaque année : 225 000 femmes, en 2017 ont déclaré avoir été victimes de violences physiques et/ou sexuelles par leur conjoint ou ex-conjoint et 123 femmes ont été assassinées. Chaque jour : 260 femmes sont violées, ce qui représente 8 femmes chaque heure de chaque jour. Les personnes LGBT elles-aussi subissent l’oppression patriarcale à travers des persécutions et violences multiples. Ces chiffres sont connus et stagnent. Les différentes lois et mesures qui existent parfois depuis des dizaines d’années ne changent rien. 
Alors à l’heure ou notre gouvernement tape sur les plus précaires et les plus pauvres pour faire de soi-disant économies, protégeant les actionnaires et les patrons mais aussi, en les ignorant, les auteurs de violence, peut-être faut-il lui rappeler aussi que ces violences nous coûtent en moyenne chaque année 2,5 milliards d’euros par an, pour l’accès aux soins et aux services judiciaires pour les victimes. Les femmes payent, de leur poche, les violences qu’elles subissent.

Les femmes payent aussi pour avorter et pour se soigner, pour avoir accès à la Procréation Médicalement Assistée lorsqu’elles sont lesbiennes. En effet, ces dernières doivent encore se rendre à l’étranger et payer pour afin d’avoir accès à l’égalité médicale pour avoir un enfant. En France, comme partout en Europe, les reculs sur l’accès à l’IVG doivent nous alerter. Le manque de place dans les CIVG conduisent parfois les femmes à recourir à des avortements à l’étranger en raison des délais trop longs. Et elles payent pour cela. Près de chez nous, en Pologne, en Italie, en Irlande, à Chypre et dans certains Etats américains : l’avortement est rendu impossible quand il n’est pas simplement interdit. A nous de faire pression et d’être solidaire de ces femmes, de revendiquer avec elles le droit fondamental de choisir face aux fascistes et réactionnaires qui œuvrent à maintenir nos corps sous contrôle.
Le déremboursement d’un certain nombre de médicaments, le manque de diagnostic de certaines maladies cardiaques qui affectent les femmes, le désintérêt de la recherche pour les pathologies spécifiques qui touchent les femmes (endométriose), les violences gynécologiques et obstétricales sont autant de facteurs qui éloignent les femmes des parcours de soin. Quant à celles qui sont sans-papiers et en situation de grande précarité voire sans domicile, elles subissent une démultiplication de toutes ces violences physiques, psychologiques, médicales et économiques. Les femmes migrantes en premier lieu. La loi Collomb/Macron sur l’asile et l’immigration qui arrive bientôt sera une nouvelle catastrophe pour elles en prévoyant l’allongement de la détention en centres de rétention, où les femmes qui y sont emprisonnées manquent d’accès au soin et sont privées de leurs droits puis sont renvoyées dans des pays où elles craignent pour leurs vies. Au vu des conditions de vie qui y sont constatées par les associations de lutte pour les droits humains, ces camps de rétention sont devenus de nouveaux camps de concentration et cela devrait toutes et tous nous alerter. 

Si le constat que nous dressons ici est inquiétant, il ne doit pas pour autant nous abattre et nous décourager. Car les solidarités que nous tissons, à l’internationale comme entre groupe minoritaires, payent, elles aussi ! Et des victoires nous précèdent et doivent nous pousser à continuer. En 2014, nous avons fait reculer l’Espagne lorsque son gouvernement voulait interdire l’avortement et un an plus tôt, en France, nous avons combattu la Manif pour tous dans la rue et fait voter le droit au mariage pour toutes et tous. En 2016, la grève des femmes polonaises, soutenue et relayée internationalement, a fait temporairement reculer le gouvernement sur son projet d’interdiction et de pénalisation de l’avortement. Ces luttes victorieuses l’ont été du simple fait de nos solidarités et de nos alliances. A nous de continuer, de ne pas nous laisser abattre et de maintenir la pression. Exigeons l’égalité des droits et l’accès aux droits partout et pour toutes et tous. Le combat continue."

Un "bon petit nombre" disions nous au début de cet article. C'est à dire un peu, mais pas foule non plus, en tout cas cela pourrait être beaucoup plus. C'est ce que les espagnol.e.s nous ont très bien montré qui ont été des centaines de milliers à manifester dans tout le pays : 200 000 personnes dans les rues de Barcelone, 170 000 à Madrid (selon  les autorités). Un vrai raz-de-marée qui nous prête à rêver d'une édition 2019 un peu plus à la hauteur des enjeux et du combat qu'il faut encore chaque jour mener. Rendez-vous le 8 mars 2019 ? et on se la fait comme ça la prochaine édition : 

Aspecto de la manifestación feminista del 8M a su paso por la calle de Alcalá de Madrid
 La manifestación feminista del 8 de marzo llega a la Gran Vía.  
D'autres images ici pour se donner force et courage.

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