Le 8 mars en texte et en images, comme si vous étiez !
Nous étions un "bon petit nombre" (voir notre commentaire en fin d'article) à prendre place et à battre le pavé ce jeudi 8 mars 2018 à l'occasion de la Journée internationale de luttes et de défense des droits des femmes.
Plusieurs organisations ont tour à tour pris la parole. Le texte lu par le Planning Familial 69 dans le micro :


A la maison, les travaux
domestiques et ménagers restent également l’affaire des femmes.
Exploitées au boulot, elles le sont encore plus au foyer, cumulant
salaires bas et travail gratuit, ayant à charge les soins et
l’éducation des enfants et la tenue de la maison, quand elles ne
sont pas en plus les secrétaires et les assistantes non-rémunérées
de leur conjoint dans les professions libérales.
Évidemment, cette exploitation
économique dont le bénéfice revient directement aux hommes de
toutes classes sociales n’est que la base d’une oppression qui
s’exerce aussi par la violence. Une violence directe, physique ou
psychologique, sur laquelle ne cesse de nous alerter le mouvement Me
Too dont la force ne peut que nous réjouir et nous laisser espérer
de réels changements. Ces viols, meurtres, agressions et
harcèlements touchent un nombre de femmes qui se compte par
centaines de milliers chaque année : 225 000 femmes, en
2017 ont déclaré avoir été victimes de violences physiques et/ou
sexuelles par leur conjoint ou ex-conjoint et 123 femmes ont été
assassinées. Chaque jour : 260 femmes sont violées, ce qui
représente 8 femmes chaque heure de chaque jour. Les personnes LGBT
elles-aussi subissent l’oppression patriarcale à travers des
persécutions et violences multiples. Ces chiffres sont connus et
stagnent. Les différentes lois et mesures qui existent parfois
depuis des dizaines d’années ne changent rien.
Alors à l’heure ou notre
gouvernement tape sur les plus précaires et les plus pauvres pour
faire de soi-disant économies, protégeant les actionnaires et les
patrons mais aussi, en les ignorant, les auteurs de violence,
peut-être faut-il lui rappeler aussi que ces violences nous coûtent
en moyenne chaque année 2,5 milliards d’euros par an, pour l’accès
aux soins et aux services judiciaires pour les victimes. Les femmes
payent, de leur poche, les violences qu’elles subissent.
Les
femmes payent aussi pour avorter et pour se soigner, pour avoir accès
à la Procréation Médicalement Assistée lorsqu’elles sont
lesbiennes. En effet, ces dernières doivent encore se rendre à
l’étranger et payer pour afin d’avoir accès à l’égalité
médicale pour avoir un enfant. En France, comme partout en Europe,
les reculs sur l’accès à l’IVG doivent nous alerter. Le manque
de place dans les CIVG conduisent parfois les femmes à recourir à
des avortements à l’étranger en raison des délais trop longs. Et
elles payent pour cela. Près de chez nous, en Pologne, en Italie, en
Irlande, à Chypre et dans certains Etats américains :
l’avortement est rendu impossible quand il n’est pas simplement
interdit. A nous de faire pression et d’être solidaire de ces
femmes, de revendiquer avec elles le droit fondamental de choisir
face aux fascistes et réactionnaires qui œuvrent à maintenir nos
corps sous contrôle.

Le déremboursement d’un
certain nombre de médicaments, le manque de diagnostic de certaines
maladies cardiaques qui affectent les femmes, le désintérêt de la
recherche pour les pathologies spécifiques qui touchent les femmes
(endométriose), les violences gynécologiques et obstétricales sont
autant de facteurs qui éloignent les femmes des parcours de soin.
Quant à celles qui sont sans-papiers et en situation de grande
précarité voire sans domicile, elles subissent une démultiplication
de toutes ces violences physiques, psychologiques, médicales et
économiques. Les femmes migrantes en premier lieu. La loi
Collomb/Macron sur l’asile et l’immigration qui arrive bientôt
sera une nouvelle catastrophe pour elles en prévoyant l’allongement
de la détention en centres de rétention, où les femmes qui y sont
emprisonnées manquent d’accès au soin et sont privées de leurs
droits puis sont renvoyées dans des pays où elles craignent pour
leurs vies. Au vu des conditions de vie qui y sont constatées par
les associations de lutte pour les droits humains, ces camps de
rétention sont devenus de nouveaux camps de concentration et cela
devrait toutes et tous nous alerter.

Si le constat que nous
dressons ici est inquiétant, il ne doit pas pour autant nous abattre
et nous décourager. Car les solidarités que nous tissons, à
l’internationale comme entre groupe minoritaires, payent, elles
aussi ! Et des victoires nous précèdent et doivent nous
pousser à continuer. En 2014, nous avons fait reculer l’Espagne
lorsque son gouvernement voulait interdire l’avortement et un an
plus tôt, en France, nous avons combattu la Manif pour tous dans la
rue et fait voter le droit au mariage pour toutes et tous. En 2016,
la grève des femmes polonaises, soutenue et relayée
internationalement, a fait temporairement reculer le gouvernement sur
son projet d’interdiction et de pénalisation de l’avortement.
Ces luttes victorieuses l’ont été du simple fait de nos
solidarités et de nos alliances. A nous de continuer, de ne pas nous
laisser abattre et de maintenir la pression. Exigeons l’égalité
des droits et l’accès aux droits partout et pour toutes et tous.
Le combat continue."
Un "bon petit nombre" disions nous au début de cet article. C'est à dire un peu, mais pas foule non plus, en tout cas cela pourrait être beaucoup plus. C'est ce que les espagnol.e.s nous ont très bien montré qui ont été des centaines de milliers à manifester dans tout le pays : 200 000 personnes dans les rues de Barcelone, 170 000 à Madrid (selon les autorités). Un vrai raz-de-marée qui nous prête à rêver d'une édition 2019 un peu plus à la hauteur des enjeux et du combat qu'il faut encore chaque jour mener. Rendez-vous le 8 mars 2019 ? et on se la fait comme ça la prochaine édition :


D'autres images ici pour se donner force et courage.