Flash Info Fouffes : à découvrir entre deux manifs!
Chères et chers fans de Superféministe, ne vous laissez pas aller entre deux manifestations et autres Nuit Debout ! Pour vous aider à récupérer tout en s'instruisant (eh oui!) votre Superhéroïne préférée est à la rencontre de Flash Info Fouffes, un tout nouveau site sur la santé sexuelle des femmes qui ont des rapports sexuels avec des femmes (dans le jargon médical, on les appelle les "FSF", femmes-qui-font-du-sexe-avec-des-femmes c'est trop long!) réalisé par nos copines de FRISSE.
A&M : Historiquement, à l'arrivée du SIDA, l'épidémie était très forte chez les HSH (hommes faisant du sexe avec d'autres hommes), on parlait plus des gays à l'époque. Les chercheur/euses se sont intéressé-e-s à la contamination VIH entre femmes et ont trouvé qu'elle était faible. Le discours et les actions de prévention se sont donc centrés sur les HSH et ont transmis l'idée que les lesbiennes étaient un groupe à faible risque voire immunisé. Or, il y a eu une grosse confusion entre pratique sexuelle et identité. Les lesbiennes et FSF ont aussi des rapports avec des hommes, les études ont même montré qu'elles avaient plus de partenaires sexuelles (hommes et femmes) que les hétérosexuelles exclusives ! Et la plupart des IST se transmettent aussi dans un rapport sexuel entre femmes… Mais d'une manière générale les rapports sociaux de sexe font que les femmes sont moins visibles. Cette invisibilité est d'autant plus forte chez celles ayant des relations sexuelles avec d'autres femmes, cette sexualité est parfois même niée avec l'idée que sans pénis il n'y pas de sexe.
Aujourd'hui, on a un peu évolué sur cette approche. Après, bien sûr, les femmes sont toujours invisibilisées dans la société et les FSF en particulier, y compris dans les milieux LGBTQI.
Séquence interview, avec Amélie et Méry de Frisse!
Superféministe :
Hello ! Est-ce que vous pourriez nous présenter un peu FRISSE,
cette super-asso ?
A&M : FRISSE a été créée à l'origine d'un programme lancé
en 1999, suite aux recommandations issues du colloque « femmes
et VIH à infections en Europe ». Le but était d’expérimenter
une nouvelle approche intégrant questions de genre et réduction des
risques. Il
a été porté par un collectif de féministes lyonnaises. FRISSE est maintenant
une association de promotion de santé sexuelle pour toutes, tous et
les autres. Elle est financée principalement par l'INPES et l'ARS.
La
démarche de l'asso
repose sur une approche positive, mêlant les savoirs profanes,
scientifiques, professionnels et expériences vécues. Les
actions de FRISSE s'adresse particulièrement à des publics dit
« marginalisés » et peu ciblés par les programmes de
prévention nationaux : mineur.e.s sous main de justice,
demandeuses et demandeurs d'asile, personnes en situation de
handicap, de prostitution, squatteurs et squatteuses, usagèr.e.s de
psychotropes, personnes vivant avec une maladie chronique...
SF : Et Flash Infos
Fouffes alors, kézako ?
A&M : Flash
Infos Fouffes est un site Internet qu'on vient de lancer. C'est un
site d'informations pour la santé sexuelle des femmes qui ont
des relations sexuelles avec les femmes (qu'on appelle FSF pour aller
plus vite), quelle que soit la manière dont elles se définissent :
lesbiennes, trans, bi, pan, hétéro... ou pas ! L'idée, c'est
vraiment de rendre visible ce qui existe sur le territoire lyonnais
pour ces femmes, avec un site qui soit accessible à tout le monde.
C'est conçu dans un logique d'empowerment,
afin que les personnes puissent trouver dans chaque rubrique, les
outils, les infos et les lieux ressources pour qu'elles puissent
prendre leur décision en connaissance de cause et ainsi faire des
choix éclairés! L'objectif est aussi que l'information se
diffuse le plus largement possible, qu'elle ne
se limite pas au milieu lesbien/féministe/militant.
SF : Pourquoi faire
un site sur cette question ? Pouvez-nous expliquer pourquoi vous
avez choisi un ton léger et décalé pour parler de santé
sexuelle ?
A&M : On s'est
rendu compte qu'il existait des informations sur la santé sexuelle
des « FSF », mais dispersées et puis plus sous forme
papier, comme par exemple la géniale brochure « Tomber laculotte ». Avec un site, on a un support accessible à un plus
grand nombre de personnes, disponible en permanence sans avoir besoin
d'être distribué par de courageuses militantes (contrairement aux
brochures ou à la documentation papier) ! Pour l'accessibilité
et la diffusion, ça nous semblait le plus logique et puis
aujourd'hui le premier réflexe pour avoir des infos sur une
question, c'est quand même internet...
Sur le ton humoristique,
c'est avant tout pour garder une approche positive de la sexualité.
On ne produit pas un discours médical, l'idée c'est de dédramatiser
des questions qui sont parfois un peu difficiles, et puis de rester
dans une approche de santé communautaire entre copines, un site de
FSF pour des FSF. L'humour, ça aide à faire passer le message !
SF Et pourquoi avoir
inclus la consommation de produits psychoactifs dans le site ?
A&M : FRISSE a
toujours fait un lien entre sexualités et produits psychoactifs :
on est beaucoup à avoir des pratiques sexuelles pendant/après avoir
consommé des produits psychoactifs (cannabis, MDMA,...). Dans
les lieux de rencontres ou de drague (publics ou privés),
il y a minima de l'alcool, il nous semblait donc essentiel de
prendre ça en compte. Et puis les études
scientifiques constatent un usage plus important chez les FSF de produits
psychoactifs dans le cadre de rapports sexuels que chez les hétéros.
SF : Mais selon vous
pourquoi ne parle-t-on jamais de la santé sexuelle des lesbiennes et
des FSF ?
A&M : Historiquement, à l'arrivée du SIDA, l'épidémie était très forte chez les HSH (hommes faisant du sexe avec d'autres hommes), on parlait plus des gays à l'époque. Les chercheur/euses se sont intéressé-e-s à la contamination VIH entre femmes et ont trouvé qu'elle était faible. Le discours et les actions de prévention se sont donc centrés sur les HSH et ont transmis l'idée que les lesbiennes étaient un groupe à faible risque voire immunisé. Or, il y a eu une grosse confusion entre pratique sexuelle et identité. Les lesbiennes et FSF ont aussi des rapports avec des hommes, les études ont même montré qu'elles avaient plus de partenaires sexuelles (hommes et femmes) que les hétérosexuelles exclusives ! Et la plupart des IST se transmettent aussi dans un rapport sexuel entre femmes… Mais d'une manière générale les rapports sociaux de sexe font que les femmes sont moins visibles. Cette invisibilité est d'autant plus forte chez celles ayant des relations sexuelles avec d'autres femmes, cette sexualité est parfois même niée avec l'idée que sans pénis il n'y pas de sexe.
Aujourd'hui, on a un peu évolué sur cette approche. Après, bien sûr, les femmes sont toujours invisibilisées dans la société et les FSF en particulier, y compris dans les milieux LGBTQI.
SF Quels sont vos
objectifs pour la suite ?
A&M : Déjà à
court terme, de donner un maximum d'informations, de manière la plus
permanente et complète possible. A moyen terme, on aimerait bien
pouvoir ajouter des rubriques, traiter plus de choses comme par
exemple le plaisir, la santé mentale, les violences sexuelles... A
long terme, pour que le site se pérennise et vive le plus longtemps
possible, il faudra veiller à bien le compléter, à l'alimenter de
façon collective...
SF : Et un dernier
mot pour Superféministe et ses fidèles lectrices ?
A&M : Ramène ta
fouffe !