Communiqué de presse du 25 novembre 2021

Aujourd’hui, le 25 novembre 2021, comme le 25 novembre 2020, comme le 25 novembre 2019, et comme depuis trop longtemps déjà, nous sommes en colère. Chaque jour, partout dans le monde, des femmes sont tuées par des hommes parce qu'elles sont des femmes. Tous les deux jours une femme est tuée en France, le plus souvent des mains de son partenaire ou ex-partenaire. Tous les deux jours en France un homme tue sa compagne ou son ex-compagne, se fait l'auteur d'un féminicide. A ce jour et depuis le 1er janvier 2021, on comptabilise 102 femmes tuées par leurs conjoints ou ex-conjoints. 

Ce compte militant est a minima. D'autres personnes ont été victimes mais échappent au comptage, d'autres femmes parmi lesquelles des femmes trans, des travailleuses du sexe, ou encore toutes ces disparues dont les corps ne sont jamais retrouvés, qui n'entrent pas dans ces chiffres. 

Aujourd’hui, 25 novembre, journée internationale pour l’éradication des violences faites aux femmes, nous avons à nouveau choisi à Lyon de rendre visible l’absence de ces 102 femmes tombées dans cette guerre que le patriarcat mène contre nous, aujourd'hui encore, comme hier, en France et partout ailleurs. Ces deux dernières années, nous avons mis en lumière l’inaction de la justice, en plaçant ces chaussures sur les marches du Palais de Justice de Lyon. Aujourd’hui, nous sommes Place Louis Pradel, face à la mairie de Lyon et face au commissariat du 1er arrondissement, et ce choix non plus n’est pas anodin. Ces chaussures représentent chacune d’elles, chacune des femmes tombées cette année en France. Nous avons choisi de les placer ici afin d’interpeler la mairie de Lyon et la police nationale, et à travers elles les pouvoirs publics : vous ne remplissez pas vos missions. La justice de notre pays, la police, l’école, comme toutes les institutions représentant l’État, comme les autorités locales, ne remplissent pas leurs missions et ne protègent pas les femmes et les filles. Ces femmes sont tuées par l'inaction des institutions, qui par leur manque de volonté pour agir, participent activement à ces meurtres. 

Tout cela, nous le dénonçons et nous l'affichons. Afficher la violence machiste par tous les moyens : sur les murs, par nos cris, sur les réseaux sociaux, lors de rassemblements, de manifestations, comme celle de samedi 27 novembre à Lyon, place Bellecour, et aujourd’hui devant les autorités locales, la police et la presse. Voilà ce que nous faisons depuis des années et ce que nous continuerons inlassablement de faire. 

Afficher ses ressorts et ses causes : la domination économique, administrative, politique, culturelle, psychologique, sexuelle des hommes sur les femmes, l'idée qu'ont les hommes que « leur femme » leur appartient, le droit de vie ou de mort qu'ils prennent sur elles. Afficher et nommer aussi ceux qui perpétuent ces dominations et les violences de genre, voilà ce que nous faisons depuis des années et que nous continuerons inlassablement de faire. Un féminicide n'est pas un geste d'amour désespéré, ni un acte isolé. C'est un phénomène qui n'épargne aucun milieu, c'est le fruit d'un système. Un système qui, dès la petite enfance, autorise voire encourage les petits garçons à violenter les petites filles, et qui, plus tard, laisse faire. Un système où la violence touche toutes les personnes minorisées de genre : pas seulement les femmes, mais aussi les personnes non-binaires, les hommes trans, les personnes intersexes. Ces meurtriers bénéficient de complicités à tous les niveaux de la société́ : famille, collègues, voisinage, police, justice, jusqu’aux plus hauts sommets de l’État. 

Les promesses ne suffisent pas, nous demandons des actes, des moyens, une mobilisation concrète de long terme. Or, que constatons-nous aujourd'hui ? En 2021, comme en 2020, nous ne comptons plus le nombre de refus de dépôts de plaintes pour violences conjugales par des policiers qui renvoient droit vers la mort des femmes venues demander de l'aide dans un commissariat. Une aide que l'État leur doit. En 2021, le gouvernement continue de montrer avec violence son mépris pour les femmes victimes de violences sexistes et conjugales : Gérald Darmanin est toujours ministre de l’Intérieur, malgré des poursuites pour viol. Eric Dupond-Moretti est toujours ministre de la justice, malgré ses nombreuses déclarations sexistes et antiféministes. Leur présence au plus haut niveau du pouvoir est bien une façon de décrédibiliser, mépriser, insulter les luttes que nous menons au quotidien. En 2021, au mépris des mouvements massifs dénonçant les meurtres et violences policières et le racisme d’État, le gouvernement n’a eu de cesse, comme soi-disant réponse aux attentats terroristes, de répandre un climat de racisme et d'islamophobie et de stigmatiser les femmes racisées et en particulier les femmes musulmanes, par des discours et des mesures que nous ne pouvons qualifier que d'extrême-droite. En 2021, le gouvernement lambine sur l’accès réel et concret à la PMA pour toutes (décret d’application paru tardivement, aucune politique d’incitation au don de sperme, aucune mesure forte contre les services de soins ouvertement lesbophobes…) et sur la protection réelle des personnes et des élèves trans. 2021, nouvelle année du quinquennat d’Emmanuel Macron, nous a encore une fois prouvé que « la grande cause nationale du quinquennat » n'était que des vaines promesses, mais surtout que ce gouvernement, au lieu de défendre les droits des femmes, les piétine allègrement. 

Face aux violences patriarcales, face à l'inaction complice de l'État, contre ses actions complices, nous continuerons de nous battre. Nous serons présentes et appelons à participer au rassemblement de ce soir à 17h sur le parvis de l’ENS de Lyon pour soutenir les victimes de harcèlement sexiste au travail. Nous serons également présentes place Bellecour à 18h pour honorer les victimes de féminicides à l’appel de l’association Lié.e.s. Nous manifesterons enfin le samedi 27 novembre à partir de 14h à Bellecour, avec le Collectif Droits des Femmes 69, et nous vous invitons à nous rejoindre pour crier avec nous. Aujourd’hui, et samedi, nous crions et nous crierons aux femmes notre solidarité. Nous sommes fortes, nous sommes unies et nous continuerons notre lutte contre les violences et contre la précarité économique qui les cimente. 

Les Superféministes/Planning Familial 69. 


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