Le Planning Familial sous les feux de la rampe…
Il est des circonstances où on se passerait bien de
« faire l’actualité ». Ces derniers temps, le Planning Familial et
plus largement le droit à disposer de son corps sont la cible d’attaques
virulentes de la part de la droite de la droite (c’est-à-dire les franges les
plus conservatrices de la droite et l’extrême-droite)… Les belles promesses de
campagne de Marion Maréchal Le Pen ne viennent pas de surgir d’un coup d’un
seul, elles s’inscrivent dans une histoire, dans un vieux fonds réactionnaire
qui perdure…
Super Féministe vous propose un rapide panorama de ces
attaques.
La plus
meurtrière
Aux Etats-Unis le 27 novembre dernier, une clinique de l’ONG
Planned Parenthood au Colorado a été le lieu d’une fusillade à l’arme d’assaut
qui fait 3 morts et 9 blessés. Cette tuerie est
l’œuvre d’un anti-IVG « radicalisé ». Elle s’inscrit dans un
contexte où les républicains ont mis à nouveau l’avortement au cœur de la
campagne des primaires. Notons qu’ils essaient régulièrement de couper les
subventions du Planning Familial parce qu’il pratique des avortements dans ses
cliniques.
La plus
« intégriste style »
En France, la vague des commandos violents qui s’introduisaient
dans les hôpitaux pour empêcher des avortements a été stoppée par la loi de
1993 créant le « délit d’entrave à l’IVG ». Pour autant, les
initiatives des opposants à l’IVG visant des Planning ou des centres d’IVG
n’ont pas cessé, mais elles ont pris d’autres formes : prières, rosaires, tentatives
d’intimidation et de culpabilisation. On avait parlé sur ce blog de Xavier Dor (et
ses petits chaussons) condamné pour une intrusion au sein du Planning Familial
de Paris. Ce même lieu a été l’objet en juillet dernier d’une nouvelle attaque
par de jeunes intégristes. Ces militants de l’association SOS Tout Petits sont
venus lors d’une permanence ouverte au public, où étaient proposées des
consultations pour l’IVG médicamenteuse. Ils ont distribué des tracts et
interpellé les femmes présentes avant d’être mis dehors. Le Planning Familial a
porté plainte pour entrave. (En photo : les jeunes en prière à la sortie du centre)
La plus
« com’ qui pue »
Vous avez sans doute vu depuis le mois de septembre les affiches de la 1ère campagne pour le droit à l’IVG en France, portée par le ministère des Affaires sociales, de la Santé et des Droits des femmes. Cette campagne prévoit la création d’un numéro d’appel national, anonyme et gratuit, une refonte du site www.ivg.gouv.fr qui donne des infos fiables sur l’IVG, et une communication sur ce sujet. Sur le thème du droit à disposer de son corps, les affiches de la campagne montrent des femmes qui ont inscrit sur leur épaule ou leur bras un tatouage « IVG, c’est mon choix » ou « Mon corps m’appartient ». Ces visuels ont visiblement inspiré plusieurs groupes d'anti-IVG.
Ainsi l'association « Choisir la vie » vient de sortir une contre-campagne bien ignoble. Dans le style de la campagne nationale, elle met en scène des bébés tout mignons (visiblement nés depuis plusieurs mois), tatoués des mentions « Vivre, c’est mon droit » ou « Mon corps m’appartient ».
Sur le net, on voit aussi des femmes portant l’inscription « Tuer c’est mon droit », avec le sigle du ministère transformé "République maçonnique - Ministère des violences sociales, de la mort et du droit à tuer son prochain"...
Classe non ? On vous épargne les visuels…
Vous avez sans doute vu depuis le mois de septembre les affiches de la 1ère campagne pour le droit à l’IVG en France, portée par le ministère des Affaires sociales, de la Santé et des Droits des femmes. Cette campagne prévoit la création d’un numéro d’appel national, anonyme et gratuit, une refonte du site www.ivg.gouv.fr qui donne des infos fiables sur l’IVG, et une communication sur ce sujet. Sur le thème du droit à disposer de son corps, les affiches de la campagne montrent des femmes qui ont inscrit sur leur épaule ou leur bras un tatouage « IVG, c’est mon choix » ou « Mon corps m’appartient ». Ces visuels ont visiblement inspiré plusieurs groupes d'anti-IVG.
Ainsi l'association « Choisir la vie » vient de sortir une contre-campagne bien ignoble. Dans le style de la campagne nationale, elle met en scène des bébés tout mignons (visiblement nés depuis plusieurs mois), tatoués des mentions « Vivre, c’est mon droit » ou « Mon corps m’appartient ».
Sur le net, on voit aussi des femmes portant l’inscription « Tuer c’est mon droit », avec le sigle du ministère transformé "République maçonnique - Ministère des violences sociales, de la mort et du droit à tuer son prochain"...
Classe non ? On vous épargne les visuels…
La plus
« Rions un peu »
Les attaques peuvent viser aussi les
actions d’éducation à la sexualité menées par le Planning en milieu scolaire.
Regardez cette magnifique photo :
Il s’agit d’une campagne qui a été lancée en octobre 2014 par l’association Droit de naître. Elle invite ses partisans à envoyer une lettre à Mme Najat-Vallaud Belkacem, ministre de l’Education nationale, dont voici quelques extraits :
Madame le Ministre,
Cette année encore le Planning familial
continuera à intervenir en milieu scolaire, avec le soutien du gouvernement et
de votre Ministère. La promotion de l’avortement se trouve en fait au cœur
du message du Planning familial, le tout puissant lobby du tout avortement. (…)
Je souhaite que nos enfants aillent à
l’école pour apprendre à lire, écrire et compter. Pas pour apprendre où et
comment se faire avorter par ce lobby idéologique.(…)
Je vous demande tout simplement de faire
respecter la neutralité de l’école en faisant disparaître les conseillères du
Planning familial du milieu scolaire.
Cette campagne a eu un écho plus que confidentiel, mais il est intéressant de repérer dans ces discours :
- le thème de l’éducation à la sexualité à l’école qui revient
régulièrement dans les campagnes des milieux traditionalistes. On l’a vu en
2014 avec les attaques contre les ABCD de l’égalité (qui ne parlaient pas d’ailleurs
de sexualité mais on n’est pas à une approximation près…), avec la
particularité qu’il y avait eu là une alliance inédite entre extrême-droite
tradi et dieudonnistes….
- la condamnation du Planning Familial en raison de son combat en faveur du
droit à l’IVG, quitte à réduire son action à ce seul thème d’ailleurs (voir
notre article Avorteuses).
Ce qui nous
amène à la dernière de ces attaques de l’extrême-droite, dont nous vous avons
déjà parlé.
La plus « Maréchal
nous voilà » (Super Féministe ne répugne pas aux jeux de mots faciles)
Et oui il
s’agit des propos de Marion Maréchal Le Pen lors de la campagne électorale pour
les Régionales. Elle promet rien moins que de couper toutes les subventions
aux associations LGBT et au Planning Familial. La cheffe du parti s’est ensuite
démarquée de cette position, mais nous vous invitons à lire cet article du site
Mademoizelle qui recense un certains nombres de paroles des leaders du Front
National sur les droits des femmes…
Voici la réponse commune des associations LGBT et alliées de Provence-Alpes-Côte d’Azur :
Nous, nous
sommes dans la réalité et nous sommes tous les jours aux côtés des plus
fragiles
Acteurs sociaux reconnus par les professionnels et par
les collectivités, les associations que nous représentons sont des lieux
ouverts à toutes et tous, sans aucune distinction. Ces associations, que
vous décriez, viennent en aide depuis des années à des milliers de personnes
victimes de discriminations et de violences au quotidien : jeunes exclus
par leurs familles, personnes discriminées au travail ou dans l'accès à la
santé et à la prévention, personnes de toutes générations en questionnement,
isolées ou en souffrance, personnes précaires et fragiles issues de tous les
milieux et de toutes les classes sociales...
Madame Maréchal-Le Pen, nous nous
adressons à vous mais surtout à celles et ceux qui pourraient être tenté-e-s de
voter pour vous. Les personnes que nous accompagnons pourraient être, sans
qu’elles et ils le sachent, leurs amis, leurs frères, leurs sœurs, leurs
parents ou leurs enfants.
Si la Région PACA supprimait son
aide au Centre LGBT Côte d’Azur, elle l’obligerait à ne pas reconduire les contrats
de ses deux salariées qui coordonnent au jour le jour cette action fondamentale
et assurent les suivis. Cela mettrait par terre tout le travail
d'accompagnement humain accompli et plongerait les centaines de personnes
accompagnées dans une précarité aggravée.
Si la Région
PACA supprimait son aide au Planning Familial, ce sont des milliers de femmes
et d’hommes, jeunes ou adultes, issu-e-s de tous les milieux, qui perdraient
l'accès à une information et un accompagnement dans leur vie affective et sexuelle.
L'avortement est un droit fondamental des femmes à disposer de leur corps. Le
Planning Familial défend l'application réelle de ce droit sur le terrain.
Restreindre l'accès à l'avortement ne le fait pas disparaître, il le rend
seulement dangereux et source de corruption.
Si la région
PACA supprimait ses aides directes aux différents associations LGBT œuvrant sur
son territoire (pour la plupart membres du Centre LGBT Côte d’Azur ou de la
Coordination LGBT PACA), elle mettrait gravement en péril la pérennité de leur
travail, et notamment les nombreuses manifestations culturelles ou militantes,
les actions de préventions des violences sexistes et LGBTphobes dans les
lycées, le combat contre les exclusions et les discriminations envers les LGBT
mais également contre toutes les autres formes de discriminations,
l’accompagnement des victimes de violences, de harcèlements et d’injures
LGBTphobes ou/et sexistes, ainsi que l’accueil et l’écoute des jeunes LGBT en
rupture sociale ou avec leur famille.
Oui, Mme Maréchal
Le Pen, nos associations sont politiques, au sens noble du terme, et elles sont
impartiales. Nous en sommes fièr-e-s.
Politiques,
parce qu’elles sont confrontées à la réalité de la vie des populations, dans
tous les territoires de cette Région Provence-Alpes-Côte d’Azur, et parce
qu’elles s’impliquent dans le vivre ensemble et pour que cette société soit
plus juste, plus égalitaire et plus respectueuse.
Mme Le Pen,
vous ne connaissez pas notre travail. Vos positionnements moralistes et
aveugles vous empêchent de voir les réalités de terrain de cette région et en
particulier les besoins des personnes LGBTI, le travail effectué par nos
associations, le dévouement utile de leurs militants.
Liste des
organisations signataires :
- Centre LGBT Côte d’Azur (Nice)
- AC Sida (Nice)
- Freedom 05 (Gap)
- Les Ouvreurs
- Association Equality (Sisteron)
- Les Gays Randonneurs de Provence (Avignon)
- Rando’s Provence (Toulon & Marseille)
- Observatoire des transidentités
- Le MRAP 13
- Aix Vanguard (Aix en Provence)
- ACEVP (Toulon)
- Polychromes
- OSED (Carpentras)
- Front Runners (Nice)
- Action Santé Alternative du bassin cannois
- Gaylib (Nice)
- Mémoire des Sexualités (Marseille)
- Aux 3G, café associatif, lesbien (Marseille)
- Association Transgenres Côte d’Azur (Nice)
- Fédération Régionale PACA du Planning Familial
- Groupe Azur Inter-Sports (Nice)
- ENIPSE
- LGBT Formation (Avignon)
Et nous vous invitons aussi à regarder cette vidéo de Klaire fait Grr
Et bien sûr, à signer la pétition !