Prostitution : confinement + répression = précarité + mise en danger
Une crise sociale
énorme se profile suite aux impacts de la crise sanitaire
Certaines catégories sont déjà touchées, et notamment toutes les personnes précaires (intérimaires, CDD, chômeur-euse-s…) et encore plus celles vivant du secteur informel qui ne disposent d’aucun filet de protection.
Pour les personnes vivant de la prostitution/travailleur-euse-s du sexe - selon la dénomination choisie par les personnes concernées, l’impossibilité de travailler, sinon au prix de très grands risques pour sa santé, se conjugue aux mesures administratives et légales : éloignement vers la périphérie des villes, pénalisation des clients…
Dès le 1er confinement, des caisses de solidarité ont été créés, portées par des associations de santé communautaire ou des militant-e-s. Nous remettons en fin de post quelques liens vers ces caisses.
Sur la question de la mise en danger des personnes par les arrêtés anti-prostitution, plusieurs associations viennent d’envoyer une demande de rencontre au maire de Lyon. Cette initiative est portée par Cabiria, le Strass AuRA, Médecins du monde Lyon et Frisse et AIDES Lyon.
Le Planning Familial 69 et Me Too ont apporté leur soutien à cette démarche.
Voici le courrier qui a été envoyé :
" Monsieur le Maire,
Nos associations souhaitent attirer votre attention sur la situation dramatique des travailleuses et travailleurs du sexe à Lyon, conséquences de nombreuses mesures répressives qui les fragilisent, d’autant plus en cette période de crise sanitaire qui exacerbe toutes les vulnérabilités.
En effet, Lyon est l'une des trois villes où les politiques de contrôle et de répression du travail sexuel en rue sont les plus répressives en France, aux côtés de Paris et de Toulouse. Entre 2002 et 2014, sous la main de fer de Gérard Collomb, la ville a adopté huit arrêtés municipaux anti-prostitution et/ou anti-stationnement des camionnettes visant les prostituées.
Considérant les prostituées comme une nuisance avant d’être des êtres humains exerçant une activité par ailleurs légale, ces arrêtés visent à les repousser vers la périphérie, à l’abri du regard des riverains, et donc à rendre leur existence impossible et dangereuse. En conjonction avec la mesure de pénalisation des clients mise en place en 2016 via la Loi visant à renforcer la lutte contre le système prostitutionnel et à accompagner les personnes prostituées, les arrêtés ont pour conséquence d’isoler ces femmes de sorte qu’elles soient plus vulnérables aux agressions, viols, braquages, vols et tentatives de meurtres. Nous observons d’ailleurs dans notre ville une hausse marquée des violences graves ces dernières années, et en particulier ces derniers mois.
Ces arrêtés ajoutent à la stigmatisation déjà fortement vécue par les prostituées et compliquent par ailleurs leurs relations avec les services de police. Nous constatons que la police se déplace très peu lorsque des incidents avec violence lui sont signalés, mais aussi que les prostituées sont victimes d’intimidations mensongères, notamment par les policiers municipaux : menaces de garde à vue pour racolage, prétendre que la prostitution est interdite, etc.
À plusieurs reprises, des opérations de polices répétées sur certains lieux ont entravé le travail des associations de santé communautaires et de terrain, priorisant l'approche par le prisme de « l'ordre publique » au détriment de la santé publique.
Le Conseil Fédéral d’Europe Ecologie - les Verts a pris position à plusieurs reprises contre toute forme de pénalisation des prostituées, notamment par la motion « Prostitution : contre une loi démagogique et dangereuse, lutter contre les violences que les prostitué-es subissent en renforçant le droit des personnes. », adoptée en 2014. On peut y lire que :
Le Conseil Fédéral d'Europe Ecologie - les Verts décide de : […] S'opposer à la pénalisation des client-es et au maintien des arrêtés municipaux pénalisant la présence de prostitué-es sur la voie publique.
Cette motion réaffirmait celle adoptée en 2003 qui explicitait encore plus clairement les conséquences des mesures prohibitionnistes municipales :
S’opposer à toute forme de répression des personnes prostitué-es et réclamer d’urgence : [...]
- L'abrogation les arrêtés municipaux prohibant la prostitution en centre ville, ainsi que de toutes les mesures de répression qui rejettent les prostitué-es dans la clandestinité, les mettant un peu plus sous le coup de la violence. […]
- De prévenir et répondre de manière adéquate aux situations que vivent les personnes prostituées par des démarches solidaires et “durables” : [...]
- Localement : afin d’apaiser les tensions, de créer un climat de dialogue et d'éviter les plaintes et poursuites : inviter les élus à favoriser et à prendre toute initiative de concertation entre riverains, associations communautaires - intégrant des personnes prostituées-et de terrain, pouvoirs publics et représentants des citoyens et habitants (élus, conseils de quartier, etc.)
Compte tenu des positions portées par votre parti politique et de la situation dramatique des personnes prostituées sur le territoire de la ville, nous espérons pouvoir discuter plus en détails avec vous de cette situation, et des solutions à y apporter, veuillez agréer Monsieur le Maire, l’expression de nos sentiments les meilleurs"
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Les caisses de solidarité
Le
STRASS a publié un récap spécial confinement avec en bas de page les
différentes asso hexagonales :
https://strass-syndicat.org/guide-covid19-confinement-travail-sexuel/
Avec notamment, la caisse portée par Cabiria (Lyon) : https://www.helloasso.com/associations/association-cabiria/formulaires/
La cagnotte organisée par Grisélidis (Toulouse) : https://www.paypal.com/pools/c/8tBPDtd7iJ
Et le soutien au bus des femmes :https://www.helloasso.com/associations/les-amis-du-bus-des-femmes
Et une cagnotte à l’initiative de @tapotepute, pour la France entière.
https://www.lepotcommun.fr/pot/9dket8gj
Et aussi une compile de soutien :
https://mars-infos.org/compilation-de-soutien-aux-tds-5045
