Violez la : au delà des mots, la mère et la putain, bis repetita.
Je suis mère. Un aveu, un préalable, une banalité.
J'ai lu avec de l'effarement les mots du Grrrrrand
Pédiââââââtre Aldo Naouri, qui dit en substance : quand votre femme
vient d'accoucher, que sa vulve ressemble à Verdun, qu'elle dort 3h par
nuit, et qu'elle ne (légitimement) veut pas baiser ? Violez la !!! Bien sûr, il se reprend, bien sûr c'est une provocation (c'est celaaaa oui). (il a d'ailleurs des positions un poil dég' sur l'adoption par les couples de mêmes sexe)( ici)
Revenons sur le « violez la ». Bien sur, une mère ne
peut pas avoir envie de sexe. D'ailleurs les hommes eux, ont envie de
sexe en permanence. D'ailleurs c'est bien connu, un petit coup sans
consentement, et tout va mieux. Et les femmes s'interdisent le sexe
quand elles sont mèèèèèères. Il faut choisir : mère ou amante !!!
Ce sont des inepties. Je n'ai pas choisi. Je suis
femme, cisgenre, hétérosexuelle ; j'ai eu le désir d'avoir un enfant
avec mon compagnon, désir réalisé, ce qui est formidable. Je n'ai pas
repris « la baise » en rentrant de la maternité, ni même 1 mois après,
ni même 3 mois après, mais plus tard. Quand j'ai voulu, quand mon
compagnon a voulu. Je ne suis pas une mère ou une amante, je suis une
femme qui a un enfant, qui a aussi des désirs sexuels, qui a aussi une
vie professionnelle et sociale, une santé (parfois vacillante), des
soucis. Je ne suis pas une machine à niquer ou à materner : je suis les
DEUX, et bien plus que cela.
Ma vie sexuelle n'est pas le jouet d'un médecin qui
se croit hyper docte, ma vie sexuelle est privée, intime, entre moi et
mon compagnon. Elle est cependant politique, quand l'injonction à la
performance l'atteint, quand les préjugés homme/femme la gangrènent,
quand elle dérive d'une norme idiote et basée sur des principes
patriarcaux auxquels nous ne voulons pas adhérer. Le sexe, la libération
de la vie sexuelle, est une des batailles des féministes de la seconde
vague, encore une fois, elle n'est pas acquise ou alors uniquement en
surface : le fait de reconnaître des sexualités d'individus et non de
genre, de(s) groupe social ou d'âge, n'est encore malheureusement pas d'actualité. « Avouer »
ne pas avoir une vie sexuelle débridée à 25 ans est une tare, une
honte. Ne pas être une bête, une obsédée, qui ne fait pas tout pour
« plaire » à son mâle assigné, a une conséquence : l'incitation au viol
par la faculté. C'est scandaleux, arriéré, misogyne.
Lara Neutron
Lara Neutron