Qui a restructuré restructurera. (La situation de l’IVG à Lyon)
Un service qu’on ne peut pas joindre au téléphone
Une infirmière qui doit se partager entre deux blocs opératoires avec une césarienne d’un
côté, une IVG de l’autre
Des médecins volontaristes qui se chargent du brancardage
des femmes avant leur intervention
Une femme qui arrive au bloc pour une IVG sous anesthésie
locale sans avoir eu de prémédication (antidouleurs, anxiolytiques) parce que
les infirmières débordées n’ont pas eu le temps d’aller jusqu’à sa chambre
Ces petits événements n’arrivent pas
tout le temps, fort heureusement, mais ils tendent à se multiplier ces derniers
temps dans les services d’IVG en restructuration… Et c’est bien parti pour
empirer si on ne parvient pas à mettre fin à cette vague de démantèlement des
services.
Retour sur les plans de restructuration
en cours dans les centres d’IVG de Lyon Sud et de la Croix-Rousse
Plusieurs articles sur le blog (là et
là aussi) et sur D’Ebats Féministes (ici), ont rendu compte de l’action du
Collectif IVG 69 depuis juin 2012 contre ces projets qui mettent en danger
l’accès à l’IVG. A la veille d’une nouvelle mobilisation, voilà quelques infos
sur ce qui s’est passé dernièrement :
A Lyon Sud
Alors que l’intégration des IVG au
service de gynécologie de semaine en novembre dernier était présentée comme un
moyen de préserver ce service en baisse d’activité, voilà que depuis février,
une nouvelle restructuration a eu lieu. Fini le service de semaine, qui a été
fermé, et les IVG sont effectuées depuis dans un autre service de gynéco. Cette
gestion à la petite semaine est caractéristique des contraintes qui pèsent
aujourd’hui sur l’hôpital public : il faut faire des économies, on va
couper un bout ici, supprimer quelques postes par là, et puis il faut à nouveau
couper, alors on redéfait, dans une logique à court terme purement économique
qui considère les personnels comme des variables d’ajustement et la qualité des
soins… la quoi ?
Quelles sont conséquences concrètes
de cette politique ?
- Les soignant-e-s qui se
retrouvent en charge de l’IVG ne sont pas forcément volontaires, et n’ont pas
bénéficié d’une formation spécifique sur la question de l’IVG au-delà d’une ou
deux heures de transmission d’infos purement techniques. Les services
restructurés fonctionnent à flux tendu, accueillent des patientes pour des
pathologies très variées qui nécessitent des soins parfois urgents, les
absent-e-s ne sont pas remplacé-e-s… autant dire que le temps d’accompagnement et d’écoute nécessaire lors d’une IVG est quasi inexistant.
- Les femmes voient leur parcours
morcelé entre 3 lieux différents, avec à chaque fois des interlocutrices
différentes. L’accompagnement proposé se réduit de plus en plus au minimum
technique nécessaire.
- La ligne téléphonique
« dédiée » aux IVG existe encore pour l’instant… mais il n’y a pas toujours
quelqu’un au bout du fil, car l’infirmière qui en a la charge fait aussi
l’accueil des femmes sur place, l’ouverture du dossier médical, les prises de
sang, et gère les problèmes administratifs, etc… Cette situation va créer à
terme (outre le stress vécu par des femmes qui cherchent un rendez-vous et ont
du mal à joindre un service) une baisse d’activité du service… et comme
plusieurs cadres des HCL ont déjà évoqué sa fermeture, cette baisse tombera à
pic pour justifier la suppression des IVG à Lyon Sud…
A la Croix-Rousse
Après plusieurs mois d’incertitude,
les HCL viennent de préciser le sort qui sera fait au centre d’IVG : là
aussi, le service sera démantelé, avec l’hospitalisation des femmes en
gynécologie au nom de la « mutualisation des compétences ». Alors que
l’on connaît très bien les raisons de cette restructuration (économies
budgétaires), le projet présenté aux équipes est un chef d’œuvre de
communication d’entreprise puisqu’il évoque une meilleure qualité des soins, un
service plus efficient etc… Les questions du personnel et du Collectif IVG sur
la perte de compétence, le problème de confidentialité et l’absence de
volontariat n’ont pas été prises en compte. Cette restructuration rentrera en
vigueur très prochainement.
Peut-on encore faire reculer cette dynamique de
restructuration délétère pour l’offre d’IVG, pour la qualité de
l’accompagnement et pour les droits des femmes ?
Nous continuons à nous battre en tout cas et le Collectif
IVG 69 appelle à un nouveau
Rassemblement le 23 mars à 14H
devant l’Opéra de Lyon (Métro Hôtel de
Ville)
Le Collectif rencontrera également le
nouveau directeur général des HCL le 28 mars et lui remettra les pétitions
demandant l’arrêt des restructurations et le maintien de centres d’IVG
autonomes.
La pétition est encore en
ligne si vous ne l’avez pas signée ou oublié de l’envoyer à vos ami-e-s : http://luttes-unitaires-rhone.org/spip.php?article7
Et venez donc nous rejoindre au
rassemblement, qui sera aussi un moment pour sensibiliser la population !